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Chez Leclerc, la crise sanitaire révélatrice d’un management par la peur

Publié le par Dos Santos Thierry

Chez Leclerc, la crise sanitaire révélatrice d’un management par la peur

Des salariés des magasins du réseau de distribution témoignent de conditions de travail difficiles où « pressions » et « flicage » sont monnaie courante.

Par Publié aujourd’hui à 06h40, mis à jour à 19h16

Un hommage est rendu le 11 janvier à Maxime Chery, qui a mis fin à ses jours dans le magasin de Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle).
Un hommage est rendu le 11 janvier à Maxime Chery, qui a mis fin à ses jours dans le magasin de Vandoeuvre-lès-Nancy (Meurthe-et-Moselle). MANON KLEIN / MAXPPP

Lorsqu’il s’est ému auprès de l’Agence France-Presse, vendredi 20 mars, de l’absence de décontamination du rayon boulangerie après le confinement d’une de ses collègues, dont le conjoint était suspecté d’infection par le SARS-CoV-2, Mathieu Lamour, employé depuis douze ans par le magasin Leclerc de Saint-Etienne-du-Rouvray, dans la Seine-Maritime, et délégué CGT, a reçu de son employeur… une lettre. Ce courrier, que Le Monde a pu consulter, lui indiquait que, à la suite de son « intention malveillante » de diffuser de « fausses nouvelles » et de « diffamer » l’entreprise, la direction prendra « les mesures qui s’imposent » et engagera des ­« actions en justice ».

« Ils ont mis des Plexiglas aux caisses, fourni du gel, mais les employés n’ont pas de gants, explique le salarié. Et la direction nous a dit qu’elle n’en fournirait pas. Ils ont même mis des affichettes disant qu’il était inutile de mettre des gants sous prétexte d’une surcontamination ». La prime de 1 000 euros – versée par certains groupes de la grande distribution à l’appel du gouvernement pour les salariés mobilisés pendant la crise –, il en était encore moins question. Et quand certains employés ont voulu savoir comment exercer leur droit de retrait, « la direction a répondu que ceux qui exerceraient ce droit ne seraient pas payés », raconte M. Lamour.

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« Le magasin applique la réglementation relative au droit de retrait, indique la direction nationale de l’enseigne E. Leclerc. Sa direction a pris des mesures de protection pour ses salariés, conformément à la recommandation du gouvernement. Le droit de retrait ne paraît donc pas, dans ce cas, justifiable, comme l’explicitent d’ailleurs les instructions du ministère du travail sur son site Internet. »

La direction précise être « d’accord sur le principe d’une prime », dont elle étudiera les modalités « dans les semaines qui viennent ». Elle souligne que pour les masques, « des livraisons sont programmées pour le magasin en fonction des arrivages » ; et que « pour ce qui est des gants, la médecine du travail a recommandé au magasin de privilégier le lavage des mains plutôt que le port des gants ».

Chaque magasin a son propre patron

S’ils adhèrent tous au Mouvement E. Leclerc, chaque magasin, franchisé, possède son propre patron. Un entrepreneur local, indépendant, gros pourvoyeur d’emplois peu qualifiés dans sa région, souvent à la tête de plusieurs supermarchés ou hypermarchés Leclerc, complétés parfois de drive, de stations-service, de magasins de bricolage…

 

 

 

 
 

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Publié dans info concurrents

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