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«Dégressivité» pour les cadres : «La France est gouvernée par le café du commerce»

Publié le par Dos Santos Thierry

«Dégressivité» pour les cadres : «La France est gouvernée par le café du commerce»
Interview
«Dégressivité» pour les cadres : «La France est gouvernée par le café du commerce»
Par Lilian Alemagna
Le président du CFE-CGC François Hommeril, ici avec Emmanuel Macron le 12 octobre 2017. AFP

Président de la CFE-CGC, syndicat majoritaire chez les cadres, François Hommeril critique la proposition d'Edouard Philippe de «discuter» d'une «forme de dégressivité» des allocations chômage des cadres.

«Le sujet» est donc bien «sur la table». Invité jeudi soir de l’Emission politique de France 2, Edouard Philippe a confirmé le souhait du gouvernement de «discuter» d’une «forme de dégressivité» des allocations-chômage pour les demandeurs d’emploi qui ont «une très forte employabilité, pour ceux qui ont des salaires très élevés». Pour les nommer : les cadres. «Je pense que dans certains cas, elle peut être envisagée», a insisté le Premier ministre alors que le sujet n’a pas été inscrit dans la lettre de cadrage envoyée mardi aux partenaires sociaux avant la négociation sur une nouvelle réforme de l’assurance-chômage. Président de la CFE-CGC, François Hommeril dénonce un «scandale».

Comment avez-vous réagi en entendant Edouard Philippe jeudi soir remettre «le sujet sur la table» ?

Je suis tombé de l’armoire… Je suis triste et déçu car le gouvernement se lance à nouveau dans une opération de communication populiste. Ce qui est plus grave, c’est de faire croire que la dégressivité des allocations-chômage va faire baisser le chômage. C’est faux ! Toutes les études ont démontré que ce système est inefficace. Remettre le sujet sur la table, c’est aussi con que de se poser la question de savoir si on peut changer le degré de la fusion de l’eau. Et alors prendre l’exemple des cadres… Mais de qui le Premier ministre parle-t-il ? De Bernard Arnault ? Des PDG du CAC 40 ? Moi aussi, je peux y aller dans les propos populistes ! Les cadres financent l’assurance-chômage : leurs cotisations représentent 42% des ressources du régime quand 15% des allocations vont à ce même public. Que les cadres participent à la solidarité entre salariés, c’est très bien ! Mais il est inadmissible de tenter de les en exclure. Le gouvernement n’a pas le droit de faire ça.

Pourquoi tenterait-il de le faire selon vous ? Pour individualiser davantage la protection sociale ?

Je ne le crois pas… Car individualiser vers le privé voudrait dire que ceux qui ont moins de risques d’être au chômage, les cadres, paieraient moins cher ! Quel est l’intérêt ? Je l’ai dit au gouvernement : je ne veux pas qu’un directeur commercial qui se retrouve au chômage à 52 ans après un plan social soit, demain, obligé de vendre sa baraque pour payer les études de ses enfants ! C’est stupéfiant de voir un homme comme Edouard Philippe tomber dans la stigmatisation des cadres. Ce qui coûte de l’argent au régime d’assurance-chômage, ce sont les permittents, les contrats courts : cela représente 4 à 6 milliards d’euros. C’est colossal !

Mais pourquoi le gouvernement tient-il à ouvrir ainsi le chantier de la dégressivité ?

Parce que la France est gouvernée par le café du commerce. Tout le monde connaît quelqu’un qui connaît quelqu’un qui a pris du bon temps avec ses allocations-chômage avant de reprendre un emploi. Mais c’est une petite minorité. La réalité, c’est que beaucoup de cadres qui perdent leur place entre 45 et 65 ans ont du mal à retrouver un emploi équivalent, avec le même niveau de rémunération. Les attaquer, c’est scandaleux.

Lilian Alemagna

Publié dans syndicat

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